- SS (Schutzstaffel)
- SS (Schutzstaffel)SS (Schutzstaffel)En mars 1923, Göring crée une garde spéciale pour protéger le Führer: quelques fidèles de la première heure prêtent serment à Hitler et se nomment la Stabswache (corps de garde), puis la Stosstruppe Adolf Hitler . Ils portent un uniforme: casquette noire, brassière à bords noirs avec croix gammée, emblème à tête de mort.C’est à leur propos qu’apparaît le terme de Schutzstaffel ou SS (escouade de protection). Qui sont-ils? Des artisans, des ouvriers, des petits-bourgeois, des déclassés ayant à leur tête Berchtold, un marchand de cigarettes, Ulrich Graf, premier garde du corps de Hitler qui est ancien boucher et lutteur de foire.En novembre 1923, au moment du putsch de Munich, ils ne sont qu’une centaine. Dissoute comme la SA par le gouvernement, la Stosstruppe renaît en 1925. Heinrich Himmler écrit: «Lors du rétablissement du parti, en 1925, la SA (Sturmabteilung ), organisation de protection des réunions, a été tout d’abord interdite. Cette interdiction s’étendait à la Prusse et à la Bavière, et les manifestations politiques du Führer étaient uniquement permises en Saxe et en Thuringe, provinces entièrement rouges à l’époque. Pour que ces manifestations aient du succès, il était nécessaire de les protéger contre les attaques de nos adversaires. C’est alors qu’en 1925 le Führer donna l’ordre de créer, dans les petites villes, des organisations de protection qui s’appelaient les SS; c’étaient des estafettes au sens propre du mot, des petites formations de la force de dix hommes et d’un chef.» Mais l’année suivante, la SA est reconnue officiellement, et la SS végétera jusqu’à ce que Himmler en devienne le chef (1929). C’est lui qui apparaît comme le véritable fondateur du Schwarze Korps (le Corps noir). La progression de ses effectifs reflète la place grandissante qu’il occupe dans l’édifice: 2 000 en 1930, 50 000 en 1933, 210 000 en 1936.Le visage le plus connu de la SS est celui des unités à tête de mort (SS-Totenkopf Sturmbanne ) que dirigeait Theodor Eicke. Elles étaient chargées de la surveillance des camps de concentration.Mais la SS possédait d’autres visages. Dans le domaine des services de sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt : RSHA); la police criminelle (Kriminalpolizei ou Kripo , dirigée par Arthur Nebe; la police régulière en uniforme (Ordnungspolizei ), dirigée par Kurt Daluege, et le plus formidable réseau d’espionnage à l’intérieur et à l’extérieur du IIIe Reich, y compris au sein du Parti nazi: le service de sûreté et de renseignement (Sicherheitsdienst ou SD) dirigé par Heydrich puis par Kaltenbrunner, avec pour adjoints Walter Schellenberg (SD-Étranger) et Otto Ohlendorf (SD-Intérieur). Dans le sens «répressif», mais un peu en marge de la SS proprement dite, il existait aussi les trop célèbres unités spéciales d’extermination à l’Est (Einsatzgruppen ) qui ont à leur actif au moins un million de morts.Enfin, il faut mentionner l’activité d’organismes plus ou moins secrets: la direction générale pour la Race et le Peuplement, la direction générale chargée des Allemands résidant à l’étranger, le commissariat du Reich pour la consolidation de la race allemande, le mouvement «Fontaine de vie» (Lebensborn ), centre de «recherches sociales», sans oublier le mystérieux Institut pour l’héritage des ancêtres (Ahnenerbe ) qui réalisa notamment des expériences médicales dans les camps de concentration.Le dernier visage, bien connu celui-là, de la SS est celui des unités combattantes d’élite: la Waffen SS. Mais celle-ci, au contact des tragiques réalités de la guerre, s’éloigna irrésistiblement des divagations inhumaines des fanatiques du mythe du sang, tandis que le reste du Corps noir n’en continuait pas moins son existence fantastique semée de morts de plus en plus nombreux. Hitler et son bras séculier Himmler, poussés par leurs voix intérieures, poursuivirent leur action politico-mystique aux confins de la magie et de la criminalité qui atteignit des dimensions apocalyptiques.Dans un peuple mobilisé chaque dimanche pour quelque festivité national-socialiste, les SS assurent, au premier rang, le service d’ordre. On les voit à la fête des Moissons, comme au jour des Héros. Ils sont là pour célébrer le travail ou la culture, ces grandes entités abstraites, regermanisées pour la circonstance. Ils se costument en guerriers du temps d’Arminius, le vainqueur des légions romaines, pour défiler autour d’un char porteur de la roue solaire.Tout au long des seize années qu’il passa à la tête de l’Ordre noir, Himmler s’attacha farouchement à développer parmi ses hommes une conception égalitaire. Cela ne va pas à l’encontre du fameux Führersprinzip et d’une hiérarchie méticuleuse qui confère l’autorité absolue à celui qui est investi d’une responsabilité. Mais Himmler, imbu des vieux principes nordiques, rêve d’une société d’hommes libres et égaux.À eux, tous les devoirs et tous les droits. Et d’abord, comme l’indique le nom même de l’Ordre noir, la «protection». Protéger le peuple dont ils sont issus les conduit, selon leur conception, à éliminer moralement et physiquement tous ceux qu’ils estiment menacer l’avenir de la race nordique.Ce qui est l’essence même de la SS, et conduira par la suite tant de ses membres devant les tribunaux alliés et au pied des potences, reste cette croyance quasi messianique en la nécessité absolue de protéger «le peuple élu». Toute notion du bien et du mal est, pour eux, subordonnée à cette confiance en leur «mission».Il s’agit bien d’une religion qui sécrète sa caste de grands «inquisiteurs».
Encyclopédie Universelle. 2012.